mort center (22)
« -Nous devons partir immédiatement, dit Tony. Fédor a raison. Ils reviendront. »
« -Il y a un autre problème, ajouta Lev. Si vous restez ici, ils vous arrêteront. Ils n’ont pas dû apprécier le traitement que vous leur avez fait subir. »
« -Ca, il y a des chances ! » Pouffa Lambert.
« -Les gens ne savent pas reconnaître les véritables artistes. » déplora Mourand.
« -Les ingrats. Après tout ce qu’on a fait pour eux ! » Dit Kraft avec, il faut bien l’avouer, une certaine mauvaise foi.
« -Vous devez venir avec nous, ajouta Tony. C’est la seule solution. En nous aidant, vous vous êtes mis le pouvoir à dos. Il ne vous le pardonnera pas. Je suis désolé, mais vous devez entrer dans la clandestinité. »
Les trois hommes ne réagirent pas.
« -Vous ne m’avez pas entendu ? »
« -Si, mais on s’en était déjà rendu compte. »
« -On est prêts. »
« -Ca s’arrose ! » Conclut Lambert en levant la flasque qui ne le quittait jamais.
« -Messieurs, en ma personne, le mouvement des Maltese salue trois recrues qui, j’en suis sûr, sauront apporter à notre mouvement… »
« - Un taux de mortalité élevé ? » Suggéra Lev avec une certaine perfidie.
« -Oh !!! » se récrièrent les trois hommes avec un air de vertu outragée du plus bel effet.
« -Bon, c’est bien joli, mais on fait quoi ? » demanda Mourand.
« -Nos relais seront prêts ce soir. Pour l’instant, il faut nous perdre dans la foule. Le grand luna-park ouvre ses portes aujourd’hui. C’est l’endroit idéal pour se faire oublier. Allons-y. Ne perdons pas de temps ! »
Les trois hommes demandèrent la permission d’emporter quelques objets divers, ce que Tony leur accorda malgré les farouches signes de dénégation de Lev. Aucun des trois hommes n’étaient mariés, toute leur vie était dans le Mort-Center, qu’ils quittèrent avec un certain regret malgré tout, mais aussi quelques souvenirs qui ne rassuraient pas du tout Lev, mais alors là, pas du tout.
« -Il faut bien que j’emmène mes tarentules, sinon, qui va s’en occuper ? »
« -Quoi ! Sortir sans revolver, sans poignard et sans poison ! Et pourquoi pas sortir tout nu pendant qu’on y est ? »
« -Comment ça le tic-tac de ma bombe n’est pas rassurant. Sachez monsieur, que je ne sors jamais sans ma bombe. Il est statistiquement prouvé qu’il n’y a jamais deux bombes au même endroit, alors, comme j’ai toujours la mienne, je suis tranquille. »
Tony commençait à se demander s’il avait eu raison de les autoriser à emporter leurs…souvenirs, tandis que Lev le laissait tranquillement se dépatouiller d’une situation où il n’avait aucune chance de victoire face aux trois compères.
« -Euh, pardonnez moi, messieurs… »
« -Monsieur Groot ? »
Le petit homme se tenait timidement devant eux, l’air un peu gêné.
« -Voilà, vu la situation actuelle, et la …confusion qui règne ici, dit-il en regardant vers les corps étalés un peu partout, confusion qui ne manquera pas d’apporter des désagréments divers et variés aux personnes présentes quand la police reviendra, je me demandais si je ne pourrais pas vous accompagner, ma carrière dans cet établissement étant pour le moins…compromise. »
Tony leva les bras au ciel.
« -Mais allons donc ! Pourquoi pas ? Plus on est de fous… Bon maintenant, on se sauve, avant d’emmener tout le personnel avec nous ! »
Les six hommes s’enfoncèrent rapidement dans les rues. Une sourde exaltation berçait le cœur de Lev. Il se sentait devenir un homme d’action. Il se rêvait héros de roman, téméraire et ténébreux. Ses lectures lui revenaient, impérieuses, gonflant son âme d’une ardeur à décrocher la lune. Et à changer le monde.